Ils s'en sont sortis

Témoignage d’Ernest, 26 ans

C’est en 2022, à 24 ans, qu’un ami m’a conseillé de consulter une psychologue suite aux addictions à la masturbation et à la pornographie dont je lui avais fait part. En effet, la masturbation était devenue une habitude, en place dans ma vie depuis le début du collège, et le visionnage de sites pornographiques depuis les études supérieures.

Face à mes nombreux échecs à m’en sortir par moi-même, et m’en étant confié à cet ami, j’ai lancé un appel à l’aide, et plus particulièrement à la psychologue qu’il m’avait conseillé. Je lui présentais ma situation et lui confiais mon désir de m’en sortir.  Sa réponse était remplie d’espérance : « Plein de courage Ernest, vous n’êtes pas seul, nous accompagnons plein de personnes qui vivent la même chose que vous. Même si la dépendance est là depuis longtemps, les choses peuvent évoluer ! Encore bravo pour cette démarche. »

Lire un professionnel de la santé me soutenir et me dire sa disponibilité a été très rassurant pour moi à cette époque. Je me suis vraiment senti soutenu.

C’est donc il y a 3 ans que nous avons commencé à nous voir une fois par mois puis de manière hebdomadaire. Je consultais pour des problèmes d’addictions sexuelles. Mais j’étais très loin d’imaginer que ces dernières constituaient la partie émergée de l’iceberg, et qu’elles n’étaient que la conséquence de la partie immergée de l’iceberg. J’ai découvert que cette addiction est bien souvent l’expression de blessures et d’anxiétés du passé.

Ce sont donc sur ces blessures que nous avons commencé à travailler. Pour ma part, elles étaient très liées à la relation entretenue avec mon père. Les blessures d’enfance liées à cette relation m’ont profondément insécurisé étant petit, et ont créé en moi une anxiété chronique à laquelle je répondais par la masturbation et la pornographie. Nous effectuons donc depuis plus de 3 ans un travail intégral axé sur les symptômes mais aussi sur les causes de mes addictions.

Ainsi, depuis début 2022, l’apport de cette thérapie dans ma vie est incommensurable. Je ne remercierai jamais assez ma psychologue pour cela. Les bénéfices obtenus ont largement dépassé mes espérances et les raisons de ma venue. La pornographie a disparu de ma vie, mes relations avec autrui sont bien plus ajustées, je ne ressens quasiment plus d’anxiété et je gère bien mieux l’attachement, notamment dans le cadre de ma relation amoureuse avec ma copine qui va, par conséquent, pouvoir devenir ma femme.

A tous ceux qui se questionnent sur la nécessité d’entamer un tel parcours, je ne peux que vous conseiller d’y aller. Le chemin est dur, certes, mais les bénéfices vous permettent simplement de vivre de manière intégrée, épanouie et apaisée. Quelles que soient vos addictions et leurs durées, soyez dans l’espérance. Je m’en suis sorti, vous pouvez vous en sortir !

Lettre à la Pornographie de Bruno, 44 ans

Pornographie, Que dirais je de toi? 

Depuis ma plus tendre enfance tu as toujours été à mes côtés. Tu es entrée dans ma vie d’enfant sans y être invitée. Par effet domino. Ou non, les dominos sont amusants. Par contagion serait le mot le plus approprié. Tu as contaminé un jeune homme qui dans sa stupidité a partagé avec d’autres, des plus jeunes, des plus fragiles, le virus.

À mes côtés dans les angoisses tu ajoutas la culpabilité, le stress du mensonge et la solitude. Tu m’as isolé. Le réconfort et le soutien que j’aurais dû trouver chez d’autres c’est toi qui le mimais, tu feignais vouloir mon bien être pour mieux me contrôler. 

Tu n’es rien, pas une personne. Tu n’as pas de bras ni de cœur. Tu n’apportes pas de chaleur. Tu es froide comme une lame acérée. Tu es une arme, un poison. Fille pervertie du Capital, tu en es une de ses armes fatales. Tu répands les larmes et le sang. Tu tues l’enfance et les enfants. Tout est bon pour faire du fric n’est-ce pas? Je t’ai vomis tant de fois pour mieux te ravaler. Et je m’en suis intoxiqué.

Comme tu es laide et sournoise qui pourrait t’aimer. C’est l’addiction qui me tiens à toi et rien d’autre. C’est là ta technique, coloniser les cerveaux. Par-là tu rentres et tu attaques le reste: le corps et le cœur, les liens et l’amour propre.

Tu es comme ces chaluts de fond qui raclent sans vergogne et sans distinction le sol des océans. Tu arraches tout et détruit la vie et la beauté pour un profit avide. Tu dérègles des écosystèmes et abîme le monde.

Tu attaques surtout les plus faibles, ceux au fond de l’abîme, ceux au sol, les blessés par la vie, les écorchés, les petits. Tu détruits des vies et des familles. 

À cause de toi Mazan, à cause de toi Outreau, à cause de toi le sang innocent est versée et des vies sont brisées.

C’est certain, tu ne disparaîtras jamais de ce monde. Pas de volonté d’homme j’entends. En tout cas pas de celles des puissants, des dirigeants, des financiers, des exploitants. Tu es le nouvel opium du peuple, un outil de contrôle des masses.

Par contre, ma chère, tu peux disparaître de ma vie. Je n’ai pas besoin de toi comme béquille. Je peux apprendre d’autres façons de me soigner, je peux faire face à mes douleurs et mes angoisses. 

Je suis aimé et soutenu par des personnes de valeur, qui portent avec eux une vraie chaleur. J’ai un Dieu qui m’écoute et veut mon bonheur véritable, qui m’offre son oreille et sa main. Ma volonté seule ne suffit pas, c’est vrai, mais j’ai décidé que je vais apprendre à te quitter. 

Aussi je t’écris aujourd’hui pour te le notifier. Je ne te demanderai pas d’accuser réception de cette lettre car je me fous de ton avis comme tu te fous de toutes nos vies.

À jamais.

Témoignage de Théo, 27 ans.

J’ai grandi dans une famille joyeuse et heureuse. Même si, à mon sens, mes parents nous ont donné une éducation assez juste et équilibrée sur beaucoup d’aspects, il y avait un manque important de communication entre nous due à une grande pudeur, où l’expression des sentiments ou des émotions est difficile. Ils étaient mal à l’aise avec les questions d’affectivité et de sexualité, démunis lorsqu’il fallait aborder ces sujets. Lorsque nous avons abordé le sujet de la sexualité, la gêne était grande et je me suis senti très mal à l’aise. Je voulais à tout prix quitter cette situation angoissante. Je ne voulais plus parler de ce sujet et naquit en moi le début d’un mal être : ce sujet est malsain et gênant.

Pendant ma grande enfance je suis confronté à plusieurs scènes et images pornographiques : un homme qui se masturbe sur la plage, des images de nus montrés par des cousins, une pub porno sur l’ordinateur… Ce ne sont pas des traumatismes mais des chocs émotionnels qui viennent faire naître en moi une grande culpabilité. Cela me dégoute, je ne comprends pas ce que j’ai vu, je me pose beaucoup de questions qui restent sans réponse :  le corps d’un homme est si différent du mien, je suis perdu et perturbé…  Cela conforte cette vision négative et malsaine de la nudité et de la sexualité. Je n’ai aucun adulte à qui en parler, je garde tous ces évènements pour moi en essayant de les faire taire. Je rentre dans l’adolescence abîmé par ce que j’ai vu, et perdu à cause de ce grand vide qu’a créé ce manque de dialogue et de sécurité.

Le dégoût engendré par ces visions s’accompagne d’une curiosité malsaine. L’explosion cérébrale qu’ont provoqué ces chocs dans mon cerveau me pousse à vouloir regarder de nouveau. Je cherche des réponses aux questions que je me pose sur mon corps qui change et qui réagit (je ne comprenais pas pourquoi j’avais des érections, je pensais que c’était mal), sur le corps de la femme qui m’est inconnu… On me laisse avoir un écran dans ma chambre : c’est le début de la pornographie dans ma vie. L’habitude s’installe, puis l’addiction prend racine pour finalement prendre le contrôle. Les images sont de plus en plus laides, j’ai besoin de contenus toujours plus stimulants, toujours plus choquants. Chaque image envahit un peu plus mon esprit. Je sombre seul dans une addiction effrénée. 

Le porno abîme à ce moment-là beaucoup de chose dans mon être de jeûne garçon. Il a fait naître un sentiment de culpabilité et de honte permanent. J’ai perdu ma liberté, ma confiance en moi, mon énergie. J’ai vu mon affectivité, ma sexualité, mon rapport au corps et ma relation avec les filles détraqués. Pendant près de 10 ans, je regarde quotidiennement des contenus pornographiques.

Heureusement j’ai autour de moi de bons amis et je fais beaucoup d’activités saines en extérieur qui me permettent régulièrement de sortir de l’isolement qu’impose l’addiction. Au début de mes études supérieures, je décide de parler à un adulte qui m’accueille avec beaucoup de bienveillance et de respect. Je décide quelques temps après d’en finir avec la pornographie. Je réalise tous les parcours que je trouve sur internet, je lis beaucoup de livres à ce sujet et je m’impose un rythme exigeant. Evidemment tout ne se règle pas en quelques mois. La frustration et la tristesse sont grandes par rapport à l’énergie et l’engagement que je mets dans ce combat.

Je prends contact un jour avec l’association We Are Lovers, via le chat du programme Revival.  Un gars m’appelle, je ne connais que son prénom et il me parle de son parcours personnel avec beaucoup d’aisance et une grande simplicité. Pour la première fois de mon combat je partage mon histoire en intégralité, d’égal à égal, sans aucune crainte de jugement, guidé par le témoignage que mon interlocuteur venait de me faire. Cet épisode m’a bouleversé et m’a fait véritablement sortir du silence. Désormais, je n’étais plus seul.

J’ai continué mon combat intensément pendant les deux années qui ont suivi cet échange, notamment avec l’aide d’un thérapeute spécialisé. Je reprends peu à peu la main sur mon addiction, en prenant du recul, les chutes s’espacent, je commence à en parler à des amis et un cercle vertueux se met en place. Je commence à aider d’autres personnes qui, comme moi, souffrent de cette addiction.

Je souhaite me marier et  mon combat prend alors une autre direction : je veux m’en sortir car je veux réapprendre une sexualité saine. Je veux sauver cette partie de moi abimée par la pornographie. Je réalise que m’en sortir est possible, et s’ouvre à moi cette immense espérance d’une vie sans pornographie c’est-à-dire d’une vie heureuse et intense où la sexualité est source d’épanouissement et de plaisir simple et vrai qui rend profondément heureux. Je prends conscience que ce combat durera peut-être toute ma vie, que la laideur et la violence imprimée dans mon esprit prendront du temps à être gommés totalement et que je resterai marqué et fragile pendant de nombreuses années. La surveillance, la prudence et le travail effectué seront mes armes pour rester libre. Je prends conscience du chemin que j’ai parcouru et du chemin qui reste à faire.

Mon mariage fut la dernière étape de mon rétablissement. Ma femme accueille mon parcours avec beaucoup de bienveillance. Notre amour mutuel et notre sexualité simple et vraie balayent les années de tromperies dont je m’étais imprégné. Je ne combats plus que pour moi mais pour elle et nos futurs enfants. Désormais nous nous battrons à deux.

De tout ce parcours je retiens que la vie et la sexualité sans pornographie sont EXTRAORDINAIRES. L’union entre deux personnes qui s’aiment est ce qui se fait de plus grand chez l’homme. Il faut en prendre soin, cela prend du temps, cela est fragile mais ça vaut le coup. Le porno détruit tout cela.

Il me semble aussi que PARLER est indispensable pour s’en sortir. Parler avec confiance, sans peur d’être jugé et comprendre que l’on n’est pas seul. L’isolement et la solitude sont deux des symptômes du porno. Le témoignage d’anciens addicts ouvre la porte de la discussion et permet de trouver la force de s’en sortir.

Témoignage de François, 29 ans

J’ai franchi les portes de l’association en 2021, à l’âge de 25 ans, addict à la pornographie depuis une dizaine d’années. Désespéré et profondément marqué par cette dépendance qui nuisait à ma vie d’homme et à ma relation de couple, je les ai contactés, sans vraiment croire à l’époque que cela allait profondément changer ma vie.

Comme beaucoup d’adolescents de ma génération, je suis tombé dans le piège de la pornographie, d’abord par curiosité, seul, jeune et vulnérable. Rapidement, la pornographie a pris une place importante dans ma vie, en totale contradiction avec ce que je voulais vivre. Sans vraiment m’en rendre compte, j’ai perdu le contrôle, et l’addiction s’est enracinée, impactant de nombreux aspects de ma vie avec son lot de difficultés : culpabilité à chaque rechute, isolement, rapport à la sexualité dégradé, mensonges, perte d’estime de soi et de confiance en moi etc.

Très rapidement, l’une des psychologues de l’association, m’a répondu qu’elle acceptait de me prendre en charge. Les mots qu’elle m’a écrits ont résonné en moi comme un cri d’espoir : « D’expérience, l’addiction à la pornographie se soigne. Les personnes s’en sortent. Reprendre une vie sans consommer, c’est possible. »

La thérapie proposée par ma psychologue, qui a très vite su cerner les enjeux liés à mon addiction, s’est révélée d’une aide précieuse dans ce long chemin vers l’abstinence. Dotée d’une grande expertise et d’une riche expérience sur le sujet, elle a su identifier et traiter, au fil des séances, ce qui se cachait derrière cette addiction. Pour la première fois, je n’étais plus seul face à cette dépendance ; j’étais enfin accompagné et compris, surtout, je comprenais les raisons profondes de cette addition.

Cette thérapie m’a fait prendre conscience de nombreux aspects de ma vie, de mon vécu, ainsi que de mes relations avec les autres et de mon rapport à mon corps. Bien au-delà de mon lien avec la pornographie, mes séances de thérapie ont permis de développer une connaissance approfondie de moi-même et de mes émotions. Je suis convaincu qu’elles ont enrichi ma vie d’homme et renforcé mon rôle au sein de mon couple, aujourd’hui marié et père de famille.

Je suis aujourd’hui abstinent pour la première fois depuis presque un an. Je suis très fier du chemin parcouru. Je n’y serai pas parvenu sans l’aide de ma psychothérapeute à qui je dois énormément. Sa bienveillance, son professionnalisme et sa confiance indéfectible en moi, je n’ai pas peur de le dire, m’ont sauvé de cette dépendance.

Alors, OUI, reprendre une vie sans consommation est possible. Il faut s’armer de courage, car le chemin est souvent long. Mais surtout, il faut commencer par demander de l’aide.

Témoignage de Jules, 68 ans.

Je souhaite écrire sur le mal que m’a fait la pornographie dans ma vie. Je voudrais dire que la pornographie a été un élément du « puzzle », elle s’articule à plusieurs autres éléments. Je pense en effet, et je l’ai d’ailleurs exprimé depuis longtemps, qu’elle a eu un rôle majeur dans la « structuration », je dirais plutôt « déstructuration » de mon univers psychique et mental. J’ai traversé ma vie (j’ai 68 ans aujourd’hui) en ayant des relations perturbées avec les autres, en ayant un rapport à moi-même perturbé, en ratant mes études tout en les ayant brillamment commencées, en étant incapable de mener normalement ma vie professionnelle, en étant incapable de vivre normalement ma vie de couple et aussi de père, en étant totalement incapable de faire le choix qu’il m’a été demandé de faire lorsque j’avais 23/24 ans.

   La seule chose que cette histoire de vie m’a permis de comprendre, c’est que au-delà de la pornographie, c’est la société actuelle, son organisation sociale pourrie, qu’il faudrait remplacer, détruire. Je suis d’ailleurs convaincu que tant qu’elle existera, la pornographie, comme la prostitution dont elle est la sœur, auront de beaux jours devant elles. 

   Je vais donc revenir sur la pornographie, le rôle qu’elle a joué dans ma vie. Je pense que ce rôle ne peut se comprendre sans envisager l’isolement total dans lequel j’ai été, préadolescent à partir de 11/12 ans, pour faire face au bouleversement extraordinaire que représente l’irruption du désir sexuel chez un jeune garçon. Et encore ai-je mis du temps à comprendre que ce qui m’arrivait était vraiment lié à la sexualité. J’ai eu très tôt recours à la masturbation, alors même qu’il n’y avait pas de sortie de sperme. Cela est arrivé lorsque j’avais 13/14 ans, je m’en souviens car j’étais en classe de 4e, j’avais eu l’idée que je pouvais en parler à ma prof de sciences naturelles, pour demander une explication (heureusement je ne l’ai pas fait !). Je ne connaissais absolument rien de la relation sexuelle.

    Je pense que plusieurs choses doivent être particulièrement signalées pour comprendre :
– La première a été la réaction de mes parents : ils se sont rendus compte de la masturbation à partir du moment où il y a eu du sperme. Ils n’ont pas bien réagi, ni ma mère, ni mon père. Je pense que cela a eu beaucoup d’effet sur mon ressenti sur la masturbation, probablement coloré à jamais par la culpabilité et le mal-être. À leur décharge : dans les années que j’indique, mon père avait à peine 30 ans, ma mère 28. Ils avaient eux-mêmes manqué de formation au sujet de l’éducation sexuelle. 


– La deuxième chose, c’est la solitude très grande dans laquelle j’étais : fils unique d’abord et aussi avec une grande absence du père à partir du moment où, lorsque j’ai eu une dizaine d’années, il a choisi une voie professionnelle plus intéressante pour lui – et pour nous trois – En devenant cadre dans une petite entreprise : mais il lui a fallu changer de banlieue. C’était le prix à payer pour une amélioration très sensible de notre niveau de vie. Il est passé d’ouvrier à cadre, directeur technique ; mais il était le plus souvent absent : le samedi, nous sortions souvent tous les deux. De cela, beaucoup plus tard, mon père a été conscient, il l’a exprimé. Mais il revenait tard le soir, et j’ai passé de nombreuses journées tout seul, ou bien chaperonné par deux cousines qui elles-mêmes n’étaient pas toujours présentes. Mes parents m’ont bien inscrit à l’association de natation du lycée, conscients que c’était bien, mais cela n’a pas duré au-delà d’une année, ou deux. Je n’étais pas inscrit à d’autres activités.


– La troisième chose, c’est l’importance très grande qu’a pris l’apprentissage scolaire, et aussi l’obéissance qui va avec. J’étais très tôt un très bon élève, récompensé de diverses manières. Il y a eu certainement en moi la conviction que j’allais aider mes parents, que je sortirais de notre condition. Cela d’autant plus que je vivais avec l’attente de mes parents : ils me gratifiaient, j’étais couvert d’éloges : j’étais exceptionnel, j’avais des capacités de lecture jugées énormes, je commençais (très tôt) à tricher pour faire croire que j’avais réussi tel ou tel « exploit ». Bref, j’étais « parfait ». Cela s’explique certainement aussi par le rapport très étroit que mon père avait avec moi : d’une part je lui ressemblais physiquement (ce qui a duré toute sa vie) mais surtout j’ai été (je ne l’ai compris que plus tard) sa raison de vivre, sa passion. Il y a eu un amour fusionnel entre mon père et moi. Les raisons de cela sortent un peu du cadre de ce témoignage : mais cela a eu de grandes conséquences pour moi. Je dois noter ici le caractère que je jugeais « autoritaire » du père, en tout cas le fait que, sans qu’il en soit conscient, il… se prenait pour moi, faisait les choses à ma place, sans doute voulait décider pour moi. J’ai ressenti qu’il n’y avait pas à discuter : mes parents et mon père en particulier savaient ce qui était bon pour moi : il était impossible – et plus tard encore difficile – d’aller à l’encontre de leur avis. Cela m’a gêné encore en tant que jeune adulte, beaucoup plus tard.

Aux plus mauvais moments de mes pulsions sexuelles, il y a toujours eu au fond de moi un très grand attachement aux valeurs de mon père. Peut-être que c’est cela qui m’a toujours empêché d’aller avec une prostituée alors que j’ai passé pas mal de temps à arpenter les rues « chaudes de Paris (?). Je souhaite aussi dire qu’il y avait une grande proximité avec mes parents, avec mon père : j’échangeais par exemple du courrier avec lui concernant des lectures que je trouvais intéressantes. J’avais intégré profondément cette proximité.

La pornographie ou tout simplement au début de l’attirance pour des photos de femmes nues, et la masturbation ont amené une impossibilité de communication sur ce sujet avec mes parents et avec mon père. C’était impossible, il fallait à tout prix éviter qu’il découvre, ce qui m’a bien fait peur un jour où j’ai dû expliquer d’où venaient des livres (pas pornographiques du tout ceux-là) que j’avais en fait volés : j’ai menti en disant que je les avais achetés au bouquiniste du marché (à qui j’ai volé, à lui, quelques livres pornographiques). L’affaire en est restée là, avec un petit sermon sur la valeur de l’argent. Le sermon m’a fait une grande impression quand-même.

 D’autres choses doivent être précisées :

Il n’y avait pas la moindre éducation à la sexualité : l’époque était à l’ordre moral de De Gaulle. Des chansons qui nous semblent anodines ou amusantes aujourd’hui étaient… censurées sur les ondes !! J’ai appris ce qu’était un rapport sexuel d’un drôle de façon : au lycée, un camarade un peu plus averti que moi, a essayé de m’expliquer tout en avouant que cela était dégoûtant : heureusement, l’avenir nous réservait des méthodes de fécondation plus « scientifiques » et plus « propres » … On pourrait en rire aujourd’hui.

    Bien sûr, mes parents m’ont mis entre les mains une brochure expliquant la maternité, montrant une femme nue (en statue), expliquant la grossesse, peut-être montrant un dessin de sexe de femme (je n’en suis pas sûr). En tout cas, rien sur le rapport sexuel. Juste dans cette brochure, qui avait aussi un aspect de « roman photo », y avait-il une page où l’homme regardait sa femme dormir et exprimait : « elle est plus belle encore quand elle dort ». Et cela remplaçait toute explication sur le rapport sexuel. J’ai fini par me masturber sur la photo de la statue, puis j’ai jetée après cette brochure pour ne plus être tenté… Je reviendrai par la suite sur cette furieuse envie de jeter le matériel pornographique après masturbation. Ce va-et-vient excitation/rejet a duré jusqu’à aujourd’hui avec la pornographie sur internet.

 

   Une toute dernière chose que je souhaite préciser sur la « toile de fond » de cette période de mon adolescence : l’école n’était pas mixte, les filles allaient dans un lycée à part. Je ne me souviens pas d’avoir eu des relations quelconques avec des filles de mon âge : même jeune adulte, j’étais très intimidé par une quelconque proximité avec des filles. Plus tard sur les bancs du lycée, après le bac, en classes préparatoires ; j’étais timide, introverti, j’avais un peu peur des filles, j’étais assez bloqué. Je pense qu’il y avait une part de moi-même que je voulais absolument cacher (il m’était totalement impossible d’envisager de le montrer).

   La pornographie a été probablement une cause majeure (la cause principale, sans doute) de ma désorganisation. Cela dit, elle s’intègre elle-même dans un ensemble dans lequel de nombreux facteurs ont joué pour expliquer déjà le ratage pour moi de « l’éveil à la sexualité », le recours très tôt à la masturbation qui m’a vraiment accompagné pendant toute ma jeunesse, et finalement toute ma vie jusqu’à aujourd’hui.

 De nombreux facteurs : le repli sur soi sans véritable vie sociale (malgré les efforts des parents pour me lier à un copain, Patrice, pendant mes années de secondaire) sans activité sportive durable, la pression de la réussite scolaire, probablement le sentiment que mes parents se donnaient du mal pour gagner leur pain.

D’où le recours à des images ; ce n’était pas forcément de la pornographie au début, ça a pu être aussi des photos (nu artistique), des peintures (de Renoir par exemple chez mon oncle), des photos (retouchées) de femmes nues dans des camps de nudistes… Horreur et amusement aujourd’hui de penser qu’on pouvait montrer des femmes sans sexe ! Mais ça a été très vite des petites revues de « blagues » sexuelles, des journaux comme Le Hérisson ou Paris Flirt. Puis des livres porno j’en ai volé au marché, j’en ai trouvé chez mes oncles.

La pornographie a été très liée dès le début pour moi au vol pour me les procurer. Je pense qu’à l’époque je pensais qu’il ne fallait pas dépenser l’argent des parents pour me procurer la pornographie, que c’était indigne, que cela ne le méritait pas. D’autant que la PNG (PNG = pornographie) à prix vite l’aspect de ces revues « pour hommes » au titre nombreux à l’époque, qui venait des États-Unis ou d’Angleterre : « entertainment for men ». Toutes montraient des filles superbes, mais jamais leur sexe (c’était interdit à l’époque, cela n’existait que vendu « sous le manteau » par des hommes du milieu de la prostitution, ça m’est arrivé d’en croiser un, je n’ai jamais acheté ce genre de produit).

Cela a pris de grandes proportions, car il m’était facile de me rendre à Paris, de voler des revues au drugstore des Champs-Élysées (je crois qu’ils s’en foutaient) et ensuite je les ramenais.

Puis, une fois masturbé, je les jetais (ce point est très important, une fois la masturbation faite, j’étais dans le dégoût, la « non-estime de moi »).

   Donc j’ai souffert d’un manque d’unité dans ma personnalité, une situation de conflit intérieur durable. Une « double personnalité » en quelque sorte, car le jeune assez obsédé par les photos de femmes ne correspondait pas du tout au jeune studieux, travailleur, qui faisait l’admiration de mes parents.

D’où l’idée qu’il était essentiel de cacher cet aspect « souterrain ». Et aussi les efforts conscients pour me libérer, sans succès durable, de mes pulsions et de la masturbation : d’où le recours à encore plus de travail à essayer de m’occuper la tête, de penser à autre chose.

    Je pense qu’à partir du moment où ont commencé les années « lycée » (j’avais 15/16 ans), la tendance au « surtravail » s’est affirmée. Pour faire un travail qui demandait des efforts, je le faisais à 150% ou plus. Cet aspect a été bien vu par un professeur que j’ai eu en seconde, et qui l’a dit à mes parents. Donc surtravail lié à la pornographie. Ce surtravail m’a accompagné pendant toutes mes études : mon « régime » (pour parler de moi comme d’une voiture) a été de travailler à 150, 200% (?) en tout cas beaucoup plus que ça aurait été nécessaire, et même ça a pu m’arriver, un peu plus tard, de considérer mes vacances elles-mêmes comme l’occasion d’un travail. Je ne pensais plus ou ne voulais plus penser qu’au travail.

Cela a pris des proportions importantes dans l’année de préparation au concours de normale sup, où il fallait que j’aille à Paris (changement pour un lycée prestigieux) mais aussi que je m’enferme à tout prix dans mon travail, ce que j’ai parfaitement réussi à faire ; Cette année-là, alors que je n’avais pas 20 ans, mes parents ont eu certainement tort de ne pas m’envoyer chez un psychiatre. Ils n’ont pas compris, n’ont pas su. Encore aurait-il fallu trouver un bon psychiatre.

    Je vais essayer de finir cette séance d’écriture en esquissant plusieurs pistes de réflexion. Je pense que la PNG n’explique pas tout mon dérèglement, mais qu’elle a joué un rôle « capital » sans aucun doute. Bien sûr, mes contradictions, héritées de celles de mon père, et que j’ai sans doute gardées jusqu’à aujourd’hui. Il est probable que les difficultés que j’ai eues m’ont permis de COMPRENDRE (mais petit à petit…) qu’il fallait que la société change et dans quel sens.

Il y a eu désorganisation de la personnalité, progressivement, elle s’est manifestée dès les années-lycée, est devenue de plus en plus importante après le baccalauréat pour m’empêcher totalement de poursuivre mes études normalement à partir de 24/25 ans, puis de mener normalement ma carrière professionnelle et aussi ma vie de couple. C’est toute ma construction identitaire qui s’est faite dans de grandes difficultés, ou qui ne s’est pas faite « normalement ».
Bien sûr, le fait d’avoir commencé une aventure amoureuse avec une fille (qui est devenue ma femme) très jeune (nous n’avions pas 17 ans !), aventure elle-même colorée au début par le fait que je m’imaginais sortir de la pornographie ainsi (ce qui s’est révélé en partie faux par la suite), a certainement été source de difficultés par la suite que j’ai été dans l’incapacité de « gérer ».  J’ai été dépassé.

  J’étais paumé. À mon sens, la culpabilité, le sentiment de culpabilité, a été capital dans ces années, sans doute jusqu’à aujourd’hui. Par ailleurs, j’ai eu un rapport mal compris avec l’engagement dans un parti politique. Peut-être est-ce que ça a aussi joué dans la séparation que j’ai faite avec ma femme en 2005. Dans cette séparation a joué également l’attrait qu’a pu représenter l’accès plus facile à la pornographie sur internet dans un domicile où je serais seul. 

    Bon, je voudrais ajouter que j’estime certes ne pas avoir été beaucoup aidé. Ne parlons pas des psychiatres dans ces années 70. D’un autre côté, je suis aussi responsable car je n’ai pas suffisamment recherché de l’aide, je pense. J’étais seul, c’était seul que j’envisageais de « résoudre mes problèmes ». Je pense que l’utilisation de la PNG a été un facteur décisif dans le sentiment de culpabilité, de peur aussi que j’ai toujours en approchant petit à petit de mes 70 ans. 

   Je reviendrai sur le caractère ravageur qu’a pris la PNG sur l’ordinateur, à partir de 2005 seulement, et crescendo, surtout après mon arrêt de travail en 2009. Toujours la PNG, mais avec un caractère beaucoup plus fort, moins « domesticable », (on ne peut pas jeter son ordinateur, et j’ai bien tenté de bloquer les sites pornos, sans succès pour le blocage jusqu’ici).

Lettre à la pornographie d’Arthur, 32 ans.

A toi, Pornographie,

Aujourd’hui, j’ai décidé de t’écrire cette lettre pour te dire au revoir.

Je dois admettre qu’avec toi j’ai cru beaucoup apprendre sur la sexualité, et que tu m’as aidé à échapper de la réalité en me montrant de la fantaisie. Tu m’as aidé à trouver cet équilibre émotionnel que je n’arrivais pas à atteindre tout seul. A chaque fois que j’avais une émotion désagréable ou gênante je pouvais compter sur toi parce qu’il suffisait d’un clic sur mon smartphone, tu es toujours prête pour moi, et ce n’est pas difficile pour moi de te trouver.

Tu semblais être bonne pour moi, bien que dès notre rencontre dans mon enfance je me doutais que tu n’étais pas aussi bien que je le pensais. Au fil des années j’ai continué à apprendre à te connaître et j’ai vraiment réalisé qui tu es vraiment et ce que tu as fait de moi.

Grandir avec toi m’a blessé, tu t’es avérée être une drogue nocive pour moi. Tous les avantages que tu semblais offrir étaient finalement faux, illusoires. Tu m’as menti et tu m’as piégé, tu m’as fait croire que tu étais bien, et que tu ne me ferais pas de mal, mais ça n’a pas été comme ça. A cause de toi je n’ai pas pu apprendre une manière saine pour trouver un équilibre intérieur, et maintenant je me tourne toujours vers la sexualité pour me réguler mentalement. Cela me fait souffrir, je me sens sale, j’ai du dégoût envers moi-même parce que ça ne devrait pas être comme ça. Maintenant, je me rends compte de qui tu es vraiment, de toutes tes astuces et tes pièges.

Tu m’as beaucoup blessé et tu m’as fait perdre la confiance en moi. Tu m’as fait dépendre de toi, et tu m’as fait croire que je suis incapable de te quitter, me faisant sentir inutile. Tu m’as fait perdre la confiance et l’amour d’une fille merveilleuse qui m’aimait, tu m’as empêché de prendre conscience de sa valeur et tu as miné l’amour que je portais envers elle.

A cause de toi je me sens méprisable, mais je prends maintenant conscience que celle qui est vraiment méprisable c’est toi. La liste des dégâts que notre relation a provoqués est bien trop longue. Tu m’as piégé et je te hais !  

C’est pourquoi aujourd’hui je te dis au revoir, en sachant qui tu es vraiment, mais surtout, en sachant qui je suis et ce que je désire dans ma vie. Je n’ai plus besoin de toi. Je te quitte, je ne veux plus avoir recours à toi. Je sais maintenant que je suis capable, sans aucun doute, de me défaire de toi. Grâce à l’aide de la psychothérapie j’y arriverai.

Je sais que tu ne vas pas aimer ma décision parce que tu es égoïste et que tu ne me quitteras pas si facilement. Tu essaieras de me duper avec tes charmes mais maintenant je détecte mieux tes pièges. Cela me coûtera au début parce que tu es rusée, tu es partout, dans de nombreux endroits, mais avec le temps, je te prouverai que tout ce que je dis dans cette lettre est vrai.

Adieu, pornographie, je ne veux plus te chercher, je n’ai pas besoin de toi, tu es nuisible et fausse, sans toi je serai heureux.

Au revoir.

Témoignage de Gaylord, 34 ans

Bonjour,

Je ne connais pas votre nom, ni vos origines, ni votre personnalité, mais ce n’est pas important, je vous adresse ce message du « futur ».

Cette lettre provient d’un « ancien » patient traité par une psychologue du CSAPA et j’ai donc le plaisir de participer dans le partage de mon expérience personnelle. Peut-être cela vous parlera, si vous vivez quelque chose de similaire à mon histoire. 

Avant toute chose, mon message n’est pas professionnel, les psychologues spécialisés ont le dernier mot sur le sujet de l’addiction et la santé mentale. Ma lettre est juste une expérience racontée, une parmi tant d’autres. Donc à prendre avec des pincettes !

Quelques alertes  

• Si vous êtes à un centre d’addictologie après un jugement, il est probable que ça soit par obligation. Cette obligation pourrait être vue comme une punition, elle ne l’ai pas. Les professionnels sont compétents et sont là pour vous soigner et vous aider sans jugement.

• Dans le même ressenti, la psychologie a des clichés très durs parmi le public. Il faut accepter que ces clichés sont hors de propos des expériences de pros sérieux. Et internet ne sont pas des pros !

• La honte ressentie (et parfois intense) est normale. Ça va passer !

• La maladie peut prendre différentes formes, en fonction de chaque personne. Différentes méthodes peuvent être utilisées aussi. Il faut un peu de temps pour trouver la bonne méthode.

• C’est important que le patient sache exactement le pourquoi et le comment une méthode thérapeutique spécifique pourrait marcher sur lui. Parfois ça marche très bien et parfois moins, la communication et l’écoute avec le psychothérapeute sont donc très importantes.

• Votre rétablissement mettra au moins 2 ans. Je pense que c’est le minimum pour soigner correctement. C’est comme ça, prenez votre mal en patience.

Ma vision de l’addiction

On peut résumer simplement les soins et l’addiction avec un arbre, de cette manière : 

1. Les branches sont les habitudes/compulsions d’aujourd’hui (semi-conscient)

2. Le tronc de l’arbre est l’identité (semi-inconscient)

3. Les racines sont les traumas (inconscient)

Les soins ont pour but d’identifier et de localiser dans le corps les racines/traumas, et ensuite de les traiter. Parfois, il arrive qu’une personne n’ait pas accès à ses traumas ou expériences difficiles de manière consciente. Un trauma non traité est toujours agissant, même si inconscient.

La dépression, cette chose « informe » peut être présente avec les addictions. C’est un symptôme et non pas une source de problème. Vous pouvez le voir comme ça : votre cerveau à traversé beaucoup de choses, parfois des traumatismes, et ainsi, comme un ordinateur avec des virus, il « rame » et devient lent. En traitant les traumas (« les programmes de fond »), votre cerveau ressentira moins la dépression. Toute l’énergie que vous êtes censé avoir est « mangée » par les traumatismes passés non traités.

L’addiction, elle, se base sur le refoulement des traumas par la distraction du plaisir, c’est à la fois une distraction et une habitude. La porno est aussi omni-présent dans la société moderne, ce qui la rend encore plus dangereuse par son accessibilité.

S’attaquer frontalement et tout seul à l’addiction ou à la dépression est une erreur stratégique. Car les deux se « nourrissent » des traumas et « repoussent » comme de la mauvaise herbe. Par exemple, faire du sport, bien manger, aide avec ces symptômes mais ne les soignent pas. Pour cela, il est nécessaire de se mettre en lien avec une autre personne de confiance. Les traumas proviennent des relations mauvaises dans l’enfance. Et il faut les réparer dans des relations saines.

Mon expérience personnelle

Peut-être comme vous, j’ai été addict à la pornographie, aux jeux vidéos et aux produits sucrés. Tout cela qui procure de la dopamine et une sensation de pouvoir.

Dépendamment de la personne et de ses besoins, ma psychologue peut orienter vers son collègue psychiatre pour la mise en place d’un traitement pharmacologique. Les médicaments sont parfois nécessaires pour la thérapie et pour calmer l’addiction dans un premier temps, le temps que les traumatismes se soignent. Après un long moment à « résister » à sa proposition de traitement, j’ai accepté et le docteur m’a prescrit une dose journalière de 50mg de Sertraline, un antidépresseur à effet anxiolytique. L’expérience est très personnelle et la communication avec les cliniciens est extrêmement importante. Soyez sûr que tout est vérifié si vous allez bien.

La méthode utilisée par ma psychologue était l’Intégration du Cycle de Vie (LifeSpan Integration) afin de soigner mes traumatismes. Aussi, la méditation corporelle et l’hypnose ont très bien marché sur moi. Le plus difficile, c’est de ne rien faire et de bien respirer. Ca été très difficile pour moi car je déteste le lâcher prise, mais vous gagnerez un temps fou a rien bloquer. C’est très contre-intuitif, car votre conscient (cerveau préfrontal) peut jouer le chien de garde. Après ce moment intense, bravo ! Vous avez actuellement « assimilé » un trauma ou une partie de celui-là. Cela veut dire que l’énorme bloc d’informations traumatiques (émotions et affects négatifs) enregistrés dans le corps et parfois dans l’inconscient, a été réactivé puis traité. Le conscient l’a vu comme « non dangereux » dans le présent et le corps se détend. Après plusieurs séries de ce genre d’exercice, les addictions, dépressions et compulsions vont drastiquement avoir moins d’emprise sur vous. Mais parfois pas totalement pour les habitudes installées depuis longtemps….

Maintenant, imaginons que maintenant vous êtes officiellement soigné (donc après la thérapie). Malgré cela, des habitudes restent, gravées dans un « circuit » qui ne devrait pas exister. Ce circuit de comportement est très codifié et à pour but de rassurer d’une douleur qui n’est plus là.

Pour enlever une habitude, il faut la remplacer par une autre plus saine et se forcer physiquement à le faire. Les compulsions sont des « programmes automatiques ». Cela demande un effort de ne pas les suivre. Vous les remplacez par des « bonnes » compulsions : cuisiner, se promener, lire un livre etc.. ou calmer les états désagréables par des techniques psychocorporelles dans le corps ! La méditation corporelle est excellente à garder pour de la maintenance, cela parait idiot à le dire, mais voyez-le comme de l’hygiène mental. Personnellement, je fais ça après le sport. C’est un exercice à vie, voyez le comme de la maintenance, de temps en temps. 

Vous pouvez aussi changer votre perception de vous-même (l’identité) pour affirmer les bonnes habitudes et viceversa ; Les bonnes habitudes font de vous la personne que vous désirez devenir.

A garder en tête : la réalité

Je n’ai pas de « craving » pour le porno car j’ai compris qu’il s’agit d’une industrie faite d’équipes machiavéliques. En réalité c’est une histoire d’argent. Juste par dépit, ne leur donnez pas votre  attention et refusez cette manipulation industrialisée !  Comprendre la vraie intention de la personne produisant la pornographie addictogène permet aussi d’en sortir. Le porno est une machine très bien étudiée pour créer de la dopamine en quantité dangereuse et pour asservir les autres. C’est la 2ème plus grosse industrie du monde après bigdata. Refusez comme si vous avez un pistolet sur la tempe, car c’est bien le cas, votre vie est en jeu à chaque fois que vous allez sur un site porno. Ne vous laissez pas faire. Ne négociez pas avec l’ennemi car c’en est un. Gardez bien en tête ceci : des gens pervertis font de l’argent sur votre souffrance. C’est le principe d’un dealer de drogue. Acceptez vous ce genre de personne dans votre vie ?

En ce qui concerne les jeux vidéos, j’ai accepté de les garder mais d’apprécier seulement les jeux de qualité. Avec une histoire par exemple. L’idée est de profiter de l’art sous une forme différente. Beaucoup d’entreprises de jeux vidéo ont aussi des équipes d’ingénieurs pour garder en permanence les personnes dans le jeu. Soyez intelligent ; si vous êtes frustré à chaque partie, ce n’est pas normal. Jouez moins mais jouez mieux.

Je suis aussi dans l’idée de faire moi-même les choses, désigner son propre indie game? Ou apprendre à créer un film en 3D ? Et vous, qu’est ce que vous aimeriez créer pour les autres?

Merci d’avoir lu jusqu’ici et j’espère que cette bouteille à la mer ne sera pas la première.

Gaylord.

Témoignage de Yoann, 45 ans

Après tant d’années à lutter avec moi même, j’ai enfin pu mettre un nom sur mon mal-être : l’addiction à la pornographie. C’était tellement simple et au final derrière ces mots se cachent quelque chose de vraiment grave avec des conséquences qui peuvent être très importantes. 

Maintenant je le sais, mon addiction remonte à mon adolescence. La pornographie a toujours fait partie de ma vie et je trouvais cela totalement normal. Durant certaines périodes elle prenait beaucoup de place et d’autres un peu moins, mais elle a toujours évolué pour aller vers le “toujours plus”. Lentement, de manière souterraine, insidieusement.

A un moment, je me rendais bien compte que quelque chose clochait dans ma manière de fonctionner, jusqu’à parfois (souvent même) mettre en danger la stabilité de mon couple et ma vie professionnelle.

Quand je perdais du temps à surfer sur des sites pornographiques ou bien quand je devais consommer plusieurs fois par jour sur mon lieu de travail, la culpabilité et la honte que je ressentais me disaient bien qu’il y avait un problème. Mais cela ne m’empêchait pas de recommencer. Encore et encore jusqu’à me dégoûter de moi-même… jusqu’à ma prochaine consommation de porno.

Et le cycle continuait et augmentait en fréquence et en intensité petit à petit jusqu’au jour où je franchis la ligne de la légalité en allant consulter 2-3 fois sur plusieurs mois des images et vidéos impliquant des mineures.

STOP. Dans ma tête et dans mon cœur quelque chose s’était brisé face à l’horreur de ce que j’étais en train de faire. Le lendemain j’ai pris la décision qui allait changer toute ma vie. Je me suis dénoncé à la police. Avec le recul je me rends compte qu’il s’agissait là de mon ultime appel à l’aide face à une situation que je ne comprenais pas puisque je n’avais que du dégoût pour ce genre de contenu.

Je me rappelle très bien encore, j’étais seul, dans ma voiture à la pause de midi, en bordure de forêt. J’ai décidé d’appeler la police en pleurs, j’étais prêt à tout perdre ce jour-là : ma compagne, mon travail, mon fils qui avait alors 2 ans.

Quelque temps après, je dévoilais ce que j’avais fait à ma compagne. J’aurais dû le faire avant. Je le regrette amèrement maintenant. Grâce à sa réaction incroyable et son soutien infaillible et son amour, j’ai pu commencer mon parcours de guérison. Cela a commencé par des séances chez une psychologue.

Durant la première séance, je lui ai tout dit, absolument toute mon histoire. Elle a été tellement exceptionnelle dans le sens où elle a tout de suite été chercher avec moi les raisons de mes agissements sans jugement. Et c’est grâce à elle que j’ai pu, après quelques séances, me rendre compte que j’avais une addiction à la pornographie.

J’ai également découvert le premier groupe de parole de DECLIC (maintenant CEFRAAP) qui, quelle belle synchronicité, commençait quelques mois après cela. Et waouw, quelle révélation ! Quel soulagement de voir que je n’étais pas seul. Je me suis retrouvé avec une bonne vingtaine de personnes qui partageaient les mêmes choses que moi, encadré par des professionnel-les qui m’ont tellement mais tellement appris sur cette addiction et ses mécanismes. Chaque intervention, chaque explication résonnait tellement fort que cela m’a vraiment libéré du poids de la culpabilité et permit d’avancer encore plus.

Voilà. Ca fait maintenant 2 ans que je me bats avec la justice pour leur dire que non, je n’ai pas d’attirance pour les mineures et que j’ai vraiment traité le fond du problème (c’est-à-dire les CAUSES de cette addiction à la pornographie, ce qui va plus loin que juste gérer son addiction) qui m’a mené dans l’illégalité au travers l’insidueux mécanisme de tolérance. En vain malheureusement, avec des grosses conséquences pour le restant de ma vie.

Mais la vie justement, parlons-en.

Elle a un autre goût depuis que la pornographie n’est plus dans mes préoccupations. Avant, je croyais, non, j’étais persuadé que j’en avais BESOIN, que je ne pourrais pas vivre sans. Sérieusement, c’était impensable. Et pourtant depuis que la pornographie a quitté mes centres d’intérêts, je suis tellement plus connecté à mon corps, à mes émotions. J’ai tellement plus de temps aussi.

On croit que la pornographie nous rend libre parce que c’est gratuit, accessible et que cela nous donne ce que nous croyons que nous voulons, mais une fois qu’on s’en débarasse, on se rend compte que c’est l’inverse. Elle nous emprisonne, nous retient, et nous aveugle.

Témoignage de Antoine, 27 ans.

Bonjour à toutes et à tous, 

Je m’appelle Antoine, j’ai 27 ans et demi (j’écris ce témoignage en juin 2025), je suis toujours vierge, et je viens partager avec vous mon histoire avec la pornographie. Nous allons commencer par un élément que j’avais auparavant considéré comme anodin : mon tout premier contact avec du contenu pornographique. 

Quand j’étais enfant, je me rappelle d’une fois où j’étais allé sur l’ordinateur de mon père. Je ne sais plus quel âge j’avais, mais j’avais clairement moins de 10 ans. Je ne sais plus qu’est-ce qui s’était passé pour que je me retrouve exposé à ces choses, mais j’avais vu des images de femmes toutes nues, avec des accessoires de cow-girl et un décor de Far West, qui défilaient l’une après l’autre, tel un diaporama. Au bout de la deuxième ou de la troisième image, mon père était intervenu pour m’éloigner de l’ordinateur. En dehors de ces images pornographiques, je n’ai aucune idée de ce qui s’était passé avant ou après cette scène. 

Plus je pense à cet incident d’enfance, plus je me dis qu’il y aurait une possible corrélation avec toutes les dérives qu’il y a eu dans mon addiction à la pornographie. En effet, je me suis exposé à des choses que j’aurais aimé n’avoir jamais vues. Nous allons en parler tout à l’heure. 

De manière générale, j’ai eu une enfance plutôt heureuse avec des parents qui ont fait de leur mieux pour s’occuper de moi et de mes frères. Avec le recul, j’estime avoir été un sacré pourri gâté qui n’a pas été aussi reconnaissant que j’aurais dû l’être. Au vu de tous les jeux vidéo et autres cadeaux que j’ai pu recevoir, j’aurais pu montrer plus de gratitude à l’égard de mes parents et de mes proches. Heureusement que ça s’est amélioré depuis. Je vous explique ces éléments pour que vous compreniez que mon enfance était plutôt normale, si nous mettons de côté mon autisme (syndrome d’Asperger) et tout ce que cela implique (c’est-à-dire ma perception du monde et des autres êtres humains). Ma dépendance à la pornographie a commencé quand j’avais 14 ans, au cours de l’année 2012. En plus de l’autisme, j’avais une personnalité particulièrement timide, qui alternait avec de fortes émotions qui se manifestaient régulièrement. De manière générale, mes relations sociales n’étaient pas les meilleures du monde. Comme beaucoup de monde, j’ai découvert le sexe via les cours de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) au collège. Les cours d’éducation sexuelle étaient également présents, en bien plus faible quantité comparé aux cours de SVT. Dans cette même période de ma vie, j’ai découvert mon corps avec la masturbation dans la solitude de mon lit. 

Je ne sais plus exactement ce qui m’a amené à consulter du contenu pornographique par moi-même. Je me rappelle certains éléments qui seraient intéressants à prendre en considération. Par exemple, à l’époque du collège, mes parents m’avaient offert mon propre ordinateur portable, ce qui me permettait d’avoir accès à ma propre intimité, loin de l’ordinateur familial. 

Vers la deuxième moitié de ma scolarité au collège, je me rappelle qu’il y avait des pop ups à caractère pornographique qui apparaissaient sur mon écran sans me prévenir. Fort heureusement qu’il n’y avait personne d’autre que moi dans la pièce quand ce genre de choses m’arrivait. 

Comme autre élément qui m’a fait découvrir la pornographie, il y avait mes camarades de collège qui me parlaient également de ce genre de choses entre eux. Ne comprenant pas de quoi ils parlaient (et peut-être parce que je voulais être inclus dans les conversations), je me suis mis à consulter de la pornographie et, très rapidement, à me masturber dessus. Il faut savoir que j’avais un côté particulièrement naïf. Je vous précise cette caractéristique, parce que l’un des premiers contenus pornographiques que j’ai consultés était un hentai (dessin animé japonais ou manga à caractère pornographique) où l’élément principal était la sodomie. Ça va peut-être vous faire rire, mais au début, mais je pensais véritablement que la sodomie était la manière par défaut d’avoir des rapports sexuels. Bien évidemment, ma naïveté couplée à un manque de connaissances flagrant concernant le sexe a fait que j’ai découvert des choses qui n’avaient jamais été évoquées (dans mes souvenirs) dans les cours d’éducation sexuelle. 

Evidemment, je trouvais ces vidéos excitantes, sexuellement parlant. Mes moments de plaisir solitaire alternaient les vidéos pornographiques avec de vrais êtres humains et les dessins animés japonais pornographiques. La raison de mon appétence pour les hentais était toute simple : par le passé, je regardais des dessins animés japonais avec mon grand frère. Ce que je visionnais avec lui n’avait rien de sexuel. Et quand j’étais tout seul avec mon ordinateur portable, c’était différent. 

Pour ceux parmi vous qui ont développé une addiction à la pornographie, vous avez probablement constaté ce phénomène : à force de vous faire plaisir sur un contenu sexuel en particulier, au bout d’un moment, le contenu en question ne vous stimule plus assez, et vous avez donc besoin d’un contenu plus violent et plus dur pour retrouver le niveau d’excitation sexuelle que vous aviez initialement. Je pense que vous commencez à saisir dans quelle spirale descendante je me suis embarqué. Peu importe la dureté, la violence ou la déviance du contenu que je consommais et qui me consumait, il m’en fallait toujours plus, ce n’était jamais assez et je changeais de contenu pour quelque chose de plus obscur, me faisant sombrer encore plus dans la spirale descendante. 

Autant dire que le visionnage de hentai a grandement influencé le type de dessins animés japonais que je regardais. Alors qu’ils étaient plutôt tout public, ils sont devenus surtout adressés à un public plus adulte (généralement à partir de 16 ans), étant donné qu’ils étaient du genre ecchi (dessins animés japonais et mangas ayant du contenu suggestif, sexy ou osé, allant jusqu’à l’érotisme dans les cas les plus extrêmes). 

Dans mon aventure avec la japanimation, j’ai découvert un dessin animé japonais du genre ecchi assez particulier. En dehors du fait qu’il y avait des scènes érotiques, il y avait également des scènes incestueuses (impliquant des membres de la même famille). Cet élément, qui fera probablement grimacer la plupart d’entre vous, ne me gênait en aucun cas. Pour moi, c’était une relation amoureuse et sexuelle comme une autre. 

Pourquoi évoquer ce dessin animé japonais quelque peu exotique ? La raison est la suivante : vers le début de l’année 2015 (j’avais 17 ans), j’ai découvert un vidéaste très particulier, étant donné qu’il aimait beaucoup l’inceste (sujet qui revenait dans énormément de vidéos, même dans celles qui n’avaient aucun rapport avec l’inceste). Il faut savoir qu’au niveau des traits de caractère, j’étais également quelqu’un de très influençable. Vous voyez très probablement où je veux en venir : étant très attaché à ce vidéaste, j’étais d’accord avec tout ce qu’il disait, y compris son avis sur l’inceste, ce qui m’a fait encore plus banaliser l’inceste. Résultat : le contenu pornographique impliquant de l’inceste était devenu mon nouveau fétiche. A partir de ce moment, ma consommation de pornographie était principalement focalisée sur les hentais, parce que c’était dans ces contenus fictifs que je pouvais trouver des histoires incestueuses réelles, alors que l’inceste dans la pornographie avec de vrais êtres humains n’impliquait pas de véritables frères et sœurs ou membres de la même fratrie, étant donné que ce n’étaient que des acteurs. 

Nous voici maintenant tout en bas de la spirale descendante. Je ne sais plus quelles sont les raisons qui m’ont amené à en arriver là. A un certain stade de mon addiction (toujours dans l’année 2015), je me suis retrouvé à développer un nouveau fétiche : le contenu lolicon (dessin animé japonais ou manga pornographique impliquant des préadolescentes ou des filles). Pour le dire de manière très crue, je considère ce type de contenu comme relevant de la pédophilie. Bien évidemment, ce n’est pas le même niveau de pédophilie qu’une véritable pédopornographie impliquant de véritables enfants (contenu que je n’ai jamais consulté, fort heureusement). Personnellement, ça m’a suffisamment chamboulé pour que ma perception des enfants s’en retrouve troublée par la suite. Encore une fois, mon côté naïf pensait que si le contenu lolicon était accessible sur le web standard, c’est que ça devait être légal. C’était jusqu’à ce que je constate, quelques années plus tard, que les hentais lolicons n’étaient plus trouvables sur Google Images. Autant dire que j’ai eu froid dans le dos à ce moment-là, parce que je me suis rendu compte que ces contenus sur lesquels je m’étais beaucoup touché et que je considérais normaux n’étaient pas si normaux que ça.

Heureusement, vient mon moment de délivrance. En mars 2017, j’ai pris la décision radicale de ne plus consulter de contenu pornographique. Mine de rien, cet engagement a été efficace, étant donné que j’ai arrêté de me masturber sur de la pornographie. Cette décision a signé la fin de ma dépendance à la pornographie. Hélas, ça n’a duré que jusqu’en mars 2019, où je me suis remis à consulter de la pornographie. Cette fois-ci, la consommation était devenue bien plus ponctuelle qu’avant. Ayant développé de nouveaux centres d’intérêt et de nouveaux objectifs à accomplir, j’étais bien trop occupé pour me permettre de gaspiller mon temps et mon énergie sur de la pornographie. Alors que de 2012 à 2017, les seuls occupations que j’avais étaient ma scolarité et les jeux vidéo (ce qui était également le cas avant cette période d’addiction). Autant dire qu’il était très facile pour moi à cette époque de consulter de la pornographie, au vu de la vie fade et médiocre que je vivais durant mon adolescence.

En décembre 2020, alors que j’éprouvais un certain ras-le-bol de continuer à me masturber sur de la pornographie (même si ce n’était que ponctuel), j’ai décidé d’installer un logiciel sur mon ordinateur pour bloquer les sites à caractère pornographique dans mes navigateurs. Encore une fois, l’effet a été efficace et immédiat, étant donné que j’avais arrêté de consulter de la pornographie. Malheureusement, ça n’a duré que jusqu’à décembre 2022, où j’ai reconsulté de la pornographie. Concernant mon logiciel de blocage de sites Internet, il y avait un bémol : tous les sites Internet n’étaient pas bloqués. Seuls ceux qui étaient les plus connus l’étaient. Ce qui signifie qu’il y avait encore une quantité énorme de sites pornographiques à passer entre les mailles du filet de mon logiciel. Ce qui veut dire que si la personne a ce désir profond de se faire plaisir sur de la pornographie, elle y parviendra à force de persévérance. Fort heureusement, ma consultation de sites pornographiques était toujours ponctuelle. 

En mars 2025, j’avais encore ce sentiment de ras-le-bol qui était survenu. Par curiosité malsaine, j’avais fait des recherches pour voir si je pouvais trouver du contenu pornographique avec de vrais êtres humains et du véritable inceste. Il semblerait que ce genre de contenu existe bel et bien. Mon addiction à la pornographie a beau être finie depuis mars 2017, ces fétiches sexuels étaient toujours présents. Même à l’heure actuelle, je me sens toujours excité par les hentais avec de l’inceste et du lolicon. C’est pourquoi pour rester à l’écart de ce genre de contenu, j’ai cherché des sites Internet répertoriant des dizaines et des dizaines de sites pornographiques et j’ai copié-collé tous ces URL sur mon logiciel de blocage de sites Internet. Ce n’est pas une solution infaillible, mais c’est mieux que rien. 

Peut-être que vous vous demandez comment je gère l’absence de pornographie. Depuis la fin de mon addiction à la pornographie (en mars 2017), mon imagination est devenue mon principal support pour mes moments de plaisir solitaire. Certes, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus stimulant en comparaison avec la pornographie, mais ça a le mérite de stimuler et de développer l’imagination, chose qui ne se produit pas quand la pornographie nous donne toutes les images sans effort. En dehors de ça, avoir des objectifs et passer à l’action pour les accomplir est une très bonne idée pour focaliser son attention sur autre chose que la pornographie. 

Nous allons parler maintenant de paraphilies, parce que c’est ce que j’ai développé avec mon addiction à la pornographie. Comme vous l’aurez constaté dans mon témoignage, il y a beaucoup de contenus déviants qui ont été mes supports pour mes plaisirs solitaires (inceste, lolicon, et j’en passe). Je tiens à dire les choses clairement : la pornographie m’a apporté plus de négativité que de positivité (merci les paraphilies transgressives). 

Bien évidemment, concernant les paraphilies transgressives, comme l’inceste ou le lolicon, je suis au courant que le passage à l’acte est illégal. C’est pourquoi je garde ces fantasmes dans ma tête et que je n’en parle pas, à part dans des contextes précis où je m’exprime sur Internet. Par exemple, en novembre 2024, j’ai fait une entrevue avec un streameur concernant un ancien ami à moi et surtout concernant mes déviances sexuelles. Autant dire que ça n’a pas manqué de faire réagir les commentaires. Bien évidemment, il y avait les classiques messages négatifs qui ne te veulent pas du bien, mais il y avait également des commentaires positifs qui, pour certains d’entre eux, m’ont fait découvrir des termes pouvant avoir un rapport avec ce que je pouvais avoir. Paraphilie, pensée intrusive, phobie d’impulsion, TOC de pédophilie et empathie à géométrie variable sont des termes que j’ai découverts grâce à cette entrevue. Et mine de rien, d’une certaine manière, ça m’a soulagé, parce que ça m’a permis de mettre des mots sur ce que je pouvais ressentir et penser à certains moments. 

Avoir des paraphilies créait des moments inquiétants dans mon quotidien. Par exemple, en 2019 et dans les années suivantes, j’avais des pensées bizarres par moments. Il y avait principalement des pensées de destruction où je vandalisais les objets qui se trouvaient dans mon champ de vision. Vous vous en doutez, il y avait également des pensées d’ordre sexuel. Et comme j’avais consommé du hentai lolicon par le passé et que je considérais ce genre de contenu comme de la pédophilie, il m’arrivait de me sentir mal à l’aise en présence d’enfants. Heureusement que ça s’est calmé par la suite. 

La raison pour laquelle j’évoquais mon autisme et cet épisode de mon enfance où j’ai vu des images pornographiques, c’est parce que je me dis qu’il y a peut-être un lien de corrélation avec ma vie sexuelle quelque peu chaotique. J’insiste sur le peut-être, parce qu’il n’y a peut-être aucun lien entre ces différents éléments.

L’une des principales raisons pour lesquelles j’ai choisi de témoigner, c’est parce qu’il y a probablement énormément de gens qui ont également des pensées intrusives, des phobies d’impulsion, des TOCs de pédophilie ou que sais-je encore et qui croient avoir des paraphilies pédophiliques (comme ce fut le cas pour moi). Je tiens à vous le dire : vos pensées ne constituent pas qui vous êtes, et vous êtes bien plus que vos pensées. 

L’un de mes rêves serait d’aider les personnes à développer une sexualité saine et d’aider les gens avec des paraphilies transgressives à retrouver une sexualité saine. Et comme Gandhi disait d’être le changement que nous voulons voir, je choisis de témoigner sur mon addiction à la pornographie et les conséquences qui en ont découlé, afin que ça puisse inciter les gens concernés à témoigner à leur tour, parce que j’estime que simplement en parler est le premier pas vers une vie meilleure. 

C’est pourquoi, en mai 2025, j’ai resservi le couvert en faisant une nouvelle entrevue avec le streameur de tout à l’heure pour apporter de la clarification sur ma vie actuelle et mes paraphilies. Bien évidemment, mon discours marginal a donné des retours négatifs et positifs. Mais au moins, j’ai passé mon message : les personnes avec des paraphilies transgressives sont elles aussi des êtres humains. Et ce n’est pas en les insultant de tous les noms que ça va les aider à retrouver une vie sexuelle saine, loin de là. Tout le monde a le droit d’avoir une vie heureuse et de la compassion. 

Même si mon parcours avec la pornographie a été particulièrement chaotique, au final, la vie que je mène actuellement est bien meilleure par rapport à tout ce que j’ai pu vivre par le passé. Mon témoignage a pour but de montrer que si j’ai pu réussir à mener maintenant une vie bien plus sereine qu’avant, vous pouvez réussir également à mener une vie bien plus sereine. Je vous remercie pour avoir lu mon témoignage. J’espère qu’il vous aura inspiré et qu’il vous aidera à améliorer votre vie.

Antoine